dimanche 16 octobre 2011

la grande violence

Elle porte une robe légère et colorée.
Ses épaules sont nues, aujourd'hui il a enfin fait beau et chaud. Une belle journée d'automne.
Sa peau est blanche. Elle donne envie de la toucher, elle doit être douce.
Ses chaussures laissent voir ses fines chevilles dont la peau fripée fait de petits plis. 
Elle est postée là, debout sur le trottoir. Elle discute nonchalamment avec une amie quinquagénaire.
Elles parlent sûrement du temps et des saisons, de l'été que nous avons eu par intermittence. 
Elles ne te voient pas.

Tu es derrière, au second plan comme toujours.
T'es cheveux sont courts. Tes yeux sont cernés, ton regard un peu fou.
Tu dois avoir 25 ans.
Tu portes un pantalon d'une couleur douteuse, un t-shirt trop grand surmonté d'un sweat à capuche gris.
Ton chat posé sur l'épaule, tu donnes l'air d'un pirate.
Ta silhouette m'a faite douter. Il m'a fallu une vingtaine de secondes d'une totale concentration pour deviner que tu es une fille.
Tu es assise par terre, juste derrière elle, sur le même trottoir.
À même le bitume, ton pantalon prend encore une nouvelle teinte.
Tu te lèves. Tu marches en titubant, les épaules tombantes; ivre de colère, courbée par l'épuisement.
Tu te débats, tu hurles. Tes bras et tes jambes partent au hasard au rythme de tes vociférations.
Tout le monde te regarde et personne ne te voit.
Ils te bousculent, tu les mords.
Si tu ne te bats pas, tu est morte.

Tu es là, juste derrière elles, six mètres et un monde vous séparent.

Vous ne vous voyez pas.





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