mardi 16 octobre 2012

il était une fois



Il est là, né parmi tant d’autres. Rien ne le différencie vraiment.

Ni plus ni moins de rides dans lesquelles se sont lovés des restes de placenta, un cri tout aussi perçant, des yeux pochés, fermés. Des gestes courts et brusques.
Seul son sexe lui octroie un semblant d’identité.

Sa génitrice en sueur ne se rend pas compte que le poids qu’elle a porté durant ces longs mois est là, deux chambres plus loin.
Encore vaporeuse de ses deux heures d’effort pour expulser l’intrus, elle pleure en souriant. Ce n’est pas de la joie. Un soulagement peut-être.
Elle n’est pas grande. Un reste de décoloration jaunit le bout de ses cheveux naturellement châtains. De petits yeux marron, une bouche charnue, une poitrine gonflée de lait décorée de varices bleues et rouges. Pas une grande beauté, pas moche. Une nouvelle femme.

Lui. Déjà secoué, malmené. Déjà emmitouflé, les membres immobilisés par des draps trop serrés. Déjà il étouffe.
Et tous autour de lui rugissent, essaient de s’évader de cette prison de coton mélangé.
Derrière une façade en verre épaissie de bave, leurs adultes sourient, s’émeuvent. Ils cherchent leurs propres traits à travers ces visages sans contour. Ils agitent les mains, secouent la tête, émettent des bruits gâteux.
Les néons s’éteignent, prière de s’en aller. Le zoo ferme.

Bientôt la femme échevelée s’éveillera. Elle caressera son ventre vide et rond. Perdue, elle sonnera la sage-femme. La blouse blanche entrera, une boule de textile et de peau dans les bras. La femme s’emparera de la boule. Plus rien autour ne sera. Elle, lui.

Une femme devient mère, aimante d’une boule maintenant enfant dans ses bras.

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