mercredi 17 février 2016

De l'amour et de l'Homme

Texte d'amour post saint valentin à caractère non revendicatif. 100% gluten.

Pour ce que je suis et surtout pour ce que je ne suis pas. Pour ce que je ne suis pas et surtout pour ce que je ne vois pas être.
Le vieux me fait trembler. L'humide de la pisse et de la mort. Entourée de toi, de bière, d'amour baigné de naphtaline.
Je tremble et j'ai peur et j'ai hâte. Que ma beauté flétrisse et que l'on tire ma révérance.
Et puis nous serons toi, moi et mes rides.

mercredi 17 avril 2013

enchainer, nuit, obstiné



Oh mes couilles. Chères bourses.
Douceurs, tendresses à peau de pêche.
Gobées doucement, vous fondez dans leur bouche.
Vous, dont la beauté n’est qu’intérieure, si mal comprises.
Vous pendez lamentablement, touchantes.
Flasques répugnances, vous fendez les coeurs.


Oh mes douceurs.Moi, obstiné à vous rendre belles aux yeux du monde.
À leurs yeux, elles qui ne comprennent rien.
Si elles savaient le mal que je me donne -que je vous donne- à vous raser, vous oindre; pour qu’enfin elles vous estiment à votre juste et grande valeur.
Pardonnez-moi.


Oh mes beautés, ma virilité, mes poches de vie.
Elles, conquises par leur féminisme déplacé et leurs épilations sordides dont elles n’ont de cesse de me mettre la douleur sous le nez.
Douleur payante en institut ou infligée par leurs bons soins masochistes.
Nous sommes si seuls, vous et moi face au rasoir.
Un pli mal tendu et le sang nous baigne.
Le comprennent-elles ?


Et quand -allongé la nuit- je vous sens battre au creux de mes cuisses;
Elles, recroquevillées entre mes genoux, le souffle court, sortant à tout va la langue rêche du chat qui lape, leurs mains s’affolant sur mon torse et mon cul;
Devrais-je les arrêter ?


Oh mes anges, mon moi.
Bientôt je vais vous enchaîner.
Serrer, serrer encore.
Mettre fin à vos souffrances.
Moi, homme dans du formol.




texte écrit dans le cadre de "Trois mots bien comme il faut"
http://troismotsbiencommeilfaut.com





mercredi 27 février 2013

abandonner, sang, fébrile

J'essuierai de mon doigt les dernières miettes de ton pain.
Je les porterai à ma bouche et les ferai craquer une à une entre mes incisives jaunies par ma grande carrière de fumeur. Je ne te quitterai pas des yeux. 
Je regarderai tes larmes monter, j'écouterai les plaintes de ton estomac noué, tes déglutitions vides et acides.

Je serai à l'affût des moindres symptômes de souffrance, fébrile, un peu fou.

Mais ne te méprends pas, je sais où nous irons.
J'épuiserai ton image à force de détails. Alors personne ne te connaîtra comme je te connaîtrai. Dans la honte la plus intime, la terreur.

Nous ne serons plus qu'un. Je serai toi.

Quelle joie. Quelle beauté.

Qu'il sera bon de m'abandonner en toi. Me vider, tout vider.

Je ne laisserai personne te faire du mal. Non, personne d'autre que moi fera couler ton sang.

Tu seras à moi, je serai toi. Profondément toi.


texte écrit dans le cadre de "Trois mots bien comme il faut"
http://troismotsbiencommeilfaut.com


mardi 16 octobre 2012

il était une fois



Il est là, né parmi tant d’autres. Rien ne le différencie vraiment.

Ni plus ni moins de rides dans lesquelles se sont lovés des restes de placenta, un cri tout aussi perçant, des yeux pochés, fermés. Des gestes courts et brusques.
Seul son sexe lui octroie un semblant d’identité.

Sa génitrice en sueur ne se rend pas compte que le poids qu’elle a porté durant ces longs mois est là, deux chambres plus loin.
Encore vaporeuse de ses deux heures d’effort pour expulser l’intrus, elle pleure en souriant. Ce n’est pas de la joie. Un soulagement peut-être.
Elle n’est pas grande. Un reste de décoloration jaunit le bout de ses cheveux naturellement châtains. De petits yeux marron, une bouche charnue, une poitrine gonflée de lait décorée de varices bleues et rouges. Pas une grande beauté, pas moche. Une nouvelle femme.

Lui. Déjà secoué, malmené. Déjà emmitouflé, les membres immobilisés par des draps trop serrés. Déjà il étouffe.
Et tous autour de lui rugissent, essaient de s’évader de cette prison de coton mélangé.
Derrière une façade en verre épaissie de bave, leurs adultes sourient, s’émeuvent. Ils cherchent leurs propres traits à travers ces visages sans contour. Ils agitent les mains, secouent la tête, émettent des bruits gâteux.
Les néons s’éteignent, prière de s’en aller. Le zoo ferme.

Bientôt la femme échevelée s’éveillera. Elle caressera son ventre vide et rond. Perdue, elle sonnera la sage-femme. La blouse blanche entrera, une boule de textile et de peau dans les bras. La femme s’emparera de la boule. Plus rien autour ne sera. Elle, lui.

Une femme devient mère, aimante d’une boule maintenant enfant dans ses bras.

mercredi 25 juillet 2012

un beau jour

Elle serre et se pend à la main qui s'est tendue vers elle; se relève.
Elle lèche la morve et les larmes aux bords de ses lèvres puis suce le sang qui rougit son avant-bras.

Elle injecte de colère son regard, lève les yeux et remercie les dents serrées.
Elle pouvait s'en sortir toute seule après tout.

Elle ne lâche pas pour autant cette colossale main rugueuse et pleine de doigts qui l'a soulevée sans effort.
Elle reprend sa marche, vexée mais agrippée au monument.

Elle part à droite, à gauche, d'avant en arrière sans lâcher prise.
Sentir sa main engloutie par l'autre la rassure, elle déploie sa voix dans des éclats de rire.

Elle voudrait que jamais elle ne la quitte.
Discrètement elle l'embrase et la frotte contre sa joue.
Elle s'arrête, lui murmure dans le creux de la paume : je t'aime papa.

mercredi 11 avril 2012

love song for friends

Oh my eyes, tears still fall. Roll and roll, roll and rolll.
When i'm sad, my body cries.
Mouth, lips are closed. Word and word, word and word.
We don't talk together anymore.

Throat, breath is short. Choke and choke, choke and choke.
Since you leaved, I got no air.
Head, where's your aim. Thought and thought, thought and thought.
You used to be my world.

Heart, beats are gone. Knock and knock, knock and knock.
With no friend, there is no hope.
Legs, there's no road. Walk and walk, walk and walk.
Where you are, light shines bright.

What can we do my dear soul ?
What can we do we're on our own.
What can we do my dear soul ?
What can we do we're all alone.

vendredi 20 janvier 2012

facile à dire : moi, prêcheuresse

La lumière jaillira de l'homme saint.
Sa gloire fera le tour du monde.
Femmes, hommes, enfants l'adoreront.
Ils verront la beauté à travers ses yeux, la lumière à travers son âme.

Un à un, les continents se prosterneront devant lui.
Chaque un craindra sa toute puissance.

Il maîtrisera les éléments, en fera ses alliés.
Il avilira les pêcheurs, les lavera par le feu.

Chérissez sa venue ou périssez.
Donnez vos femmes, vos pères, vos biens.
Car il vous jugera nus.

Il plongera sa main dans les profondeurs des câtins, arrachera leurs tripes souillées par les jutances adultères.
Il pendra leurs bâtards, purifiant le peuple.
Écoutez la voix de l'élu.
Notez sa grandeur.

Fremissez incrédules, vos vies valent celle d'un chien.
Rien ne l'arrêtera.
Priez mon seigneur.

mardi 22 novembre 2011

je suis belle

Je suis belle parce que ma peau est blanche.
Je suis belle parce que mes seins sont petits, fins, roses aux aréoles.
Que mes hanches sont larges.
Je suis belle parce que mes cuisses sont faites pour être pétries, mes fesses pour être mordues, mon dos prêt à être griffé.
Parce que mes lèvres sont douces et sucrées.
Parce que mes lèvres sont humides et amères.

Je suis belle parce que je parle beaucoup.

Parce que je gueule, je râle, je crie.
Je suis belle, je ris à gorge déployée. 

Je suis belle quand on me regarde.

Je suis belle quand on me sourit.
Je suis belle quand on m'écoute.
Je suis belle quand on me le dit.

dimanche 16 octobre 2011

la grande violence

Elle porte une robe légère et colorée.
Ses épaules sont nues, aujourd'hui il a enfin fait beau et chaud. Une belle journée d'automne.
Sa peau est blanche. Elle donne envie de la toucher, elle doit être douce.
Ses chaussures laissent voir ses fines chevilles dont la peau fripée fait de petits plis. 
Elle est postée là, debout sur le trottoir. Elle discute nonchalamment avec une amie quinquagénaire.
Elles parlent sûrement du temps et des saisons, de l'été que nous avons eu par intermittence. 
Elles ne te voient pas.

Tu es derrière, au second plan comme toujours.
T'es cheveux sont courts. Tes yeux sont cernés, ton regard un peu fou.
Tu dois avoir 25 ans.
Tu portes un pantalon d'une couleur douteuse, un t-shirt trop grand surmonté d'un sweat à capuche gris.
Ton chat posé sur l'épaule, tu donnes l'air d'un pirate.
Ta silhouette m'a faite douter. Il m'a fallu une vingtaine de secondes d'une totale concentration pour deviner que tu es une fille.
Tu es assise par terre, juste derrière elle, sur le même trottoir.
À même le bitume, ton pantalon prend encore une nouvelle teinte.
Tu te lèves. Tu marches en titubant, les épaules tombantes; ivre de colère, courbée par l'épuisement.
Tu te débats, tu hurles. Tes bras et tes jambes partent au hasard au rythme de tes vociférations.
Tout le monde te regarde et personne ne te voit.
Ils te bousculent, tu les mords.
Si tu ne te bats pas, tu est morte.

Tu es là, juste derrière elles, six mètres et un monde vous séparent.

Vous ne vous voyez pas.





dimanche 2 octobre 2011

mon bijou

J'avais la perfection.
La douceur, la tendresse.

L'Homme dans sa plus parfaite confection.

Pas celui qui déplace les montagnes.
Pas celui qui se bat pour l'honneur d'une idée quelconque et vaine.
Pas celui qui protège des intempéries.

J'avais l'Homme.

L'Homme qui écoute, rassure, comprend. Qui ne demande rien en échange.
Celui qui donne parce qu'il le veut.
J'avais celui qui aime.

J'avais la perfection.

Et je l'aime.

Sûrement plus le bon amour, peut-être le meilleur qui soit.
"Tu es la meilleure chose qui me soit arrivée".

mercredi 28 septembre 2011

bobo

Ce n'est pas l'anus qui me fait mal.
Ce n'est pas la pénétration; quand la chair se déchire et que les organes remontent. Non.
C'est dedans, c'est ce que l'on ne voit pas au scanner qu'il faut prendre avec précaution.

C'est quand on me crache au visage, que je me rends compte que j'ai été stupide.

C'est ça ma douleur.

Ce n'est pas la plaie qui saigne, la chute de tension, les vomissements qui m'étourdissent.

C'est quand je n'ose pas crier ma rage, que je ne rends pas son dû au bourreau.

C'est quand je laisse entrer quelqu'un dans ma chambre et que je la retrouve piétinée.

C'est ça qui me rend malade.

mardi 6 septembre 2011

home sick home

Si un jour tu entres dans ma chambre :
Ne frappe pas.
Va tout droit, tout au fond.
Cours ouvrir les volets, fais entrer la lumière.
Tu verras mes anciens sur la gauche. Il fait sombre sur la droite, prends ton temps, à taton.

Si un jour tu entres dans ma chambre :
Fouille mais ne brise rien. Ce qui est sans valeur n'a pas de prix pour moi.
Ce sont des souvenirs fragiles.

Si un jour tu entres dans ma chambre :
Chuchote à mon oreille.
Hurle.
Bouscule-moi.

Quand tu entreras dans ma chambre :
Referme la porte derrière toi.
Si elle est vide, installe-toi, attends-moi.

dimanche 14 août 2011

mea culpa

Connard
Va chier
Salop
Sale con
Ta gueule. Crève.
Minable

Je les ai tous crachés et des bien pires.
Mais tu n'as rien lâché. Tu ne m'as pas lâchée.

Je t'ai battu, couvert de honte.
Je t'ai lapidé de mes paroles sanglantes.
Ma langue aiguisée comme une fine lame.

Tu as tout gardé. Tous ces coups.
Mon mépris, ma rage. Tout.
Mais tu as continué de m'aimer.
Je te vomissais, tu m'aimais.

J'ai voulu t'anéantir.
Tu n'en es pas resté amer mon cher, mon doux, mon père.

samedi 30 juillet 2011

la marelle

La tête est dure.
Il faut la prendre avec raison. Lui donner de la logique, des mathématiques, des pourquois et des comments.
La tête est rancunière, sourde, égoïste. Elle se fout du coeur.

Le coeur est délicat.
Il faut le prendre avec des mots. Des mots tendres. Des mots qui ne s'oublient pas.
Il bat, il fond, il se brise. Le coeur est un enfant, une fleur, il est naïf.

Le ventre est perméable. Il prend tout.
Il bouillonne, gargouille, brûle, papillonne. Il absorbe les maux de tête et les hauts-le-coeur.

Autour, il y a nous.
Tout autour il y a les autres qui jouent avec nos nerfs.

lundi 25 juillet 2011

santé !

Ma douceur.
Mon bonheur.
Mon elixir.

Toi qui me rends forte. Qui exhibes ma laideur, glorifies ma beauté.
Toi qui me donnes du courage, qui me l'ôtes.

Toi, mon démon, mon moi.
Toi qui repousses tout autour de moi, j'hurle ton nom.
Tu me veux toute entière.
Quand tu me prends dans tes bras, je me laisse emporter.
Tu me prends, je m'offre.

Toi qui me fais oublier.
Tu me mets à nu. Tu me révèles.
Tu m'absous, tu me tues.

Tu me rends bête.
Mes griffes sortent, mes mâchoires cherchent la chair.

Je suis à toi, tu es mien.
Tu es tout.
Tu me donnes au néant.

Tu me rends fluide, douce, ardente.
Ô mon alcool, ma soumission.
Tous les soirs tu me rends autre.

mercredi 20 juillet 2011

pouet

Je pensais que c'était moi la douce folle, la peur de rien, la "foncer tête baissée".
Celle qui avance quoi qu'il arrive, la pyromane.
Seigneur, je n'ai rien compris. Tout le monde y a cru.

Personne n'a remarqué que je tremble au moindre changement.
J'ai peur de la vie comme j'ai peur de moi.
Demain ressemble au monstre qui séjournait sous mon lit.
Celui qui empêche de mettre le pied à terre et d'avancer.
Celui que l'on n'ose pas regarder dans les yeux, que l'on soupçonne sans le croiser.

J'organise, je trie, j'analyse.
Le hasard n'a pas sa place dans mes placards, et depuis le temps, il m'a laissée tomber.
Je m'emmerde.
Je regarde, j'écoute, je ris.
Je simule.

Ha ha !

vendredi 8 juillet 2011

l'usurpation

C'était elle que tu voulais. Tu l'avais vue et en étais tout de suite tombé amoureuse.
Tu la trouvais belle, douce, charmante, pleine de malice.

Ses cheveux blonds serpentaient de leurs boucles le chouchou rose pâle qui les retenaient.
Ses yeux en amande, sa tête légèrement inclinée sur la droite suppliaient une caresse.
Ce devrait donc être elle, personne d'autre.

Tu as tout fait pour la retrouver.
Tu as aimé, tu as prié, tu as lavé.
Tu as méticuleusement choisi la panoplie qui ferait que ce serait elle.
Tu la voulais, tu l'aurais.

Mais c'est moi, finalement, qui suis sortie de tous ces efforts.
Juste moi, le choc. L'usurpatrice, c'était moi.
Tu m'as quand même donné son nom. Tu as acheté un chouchou rose pâle, tu m'as appris la malice.
Tu la voulais elle.

Tu as sué, tu as donné ton corps et tes larmes.
Mais aujourd'hui et demain encore et pour le reste, ce sera toujours moi ta fille.

dimanche 3 juillet 2011

après les égoûts

Ils ont dit "Jamais nous ne t'oublierons". J'étais morte.
Un mot sur la table, papier petits carreaux.
J'ai pris mes clefs lourdes de mes bricoles d'antan, mes clefs de voiture. Je suis partie.
Je n'ai rien laissé derrière moi, tout. J'étais libre.

Bien sûr, j'ai souhaité que les larmes ne coulent pas. Que faire contre la volonté du corps ?
J'ai laissé faire.
Elles ont coulé, j'ai roulé. Roulé jusqu'à ce que mes mains se creusent. Roulé jusqu'à ce que tout me soit étranger. L'odeur était plus forte, le ciel moins bleu. Les peaux aussi avaient changé.

Quand je me suis arrêtée, je retrouvais l'avant.
Courir partout pour retrouver les mêmes terreurs, les mêmes angoisses. Les tremblements, les sentiments.

Je n'ai pas vécu l'impossible. Je n'ai pas traversé les mers. Je n'ai pas trouvé la sagesse. Mais je sais, un peu.

Partir et ne pas être oubliée, encore. À quoi bon?
Je ne demande plus rien. Je ne souhaite plus que l'on m'aime, je n'aimerai pas; je vais aimer vivre.
J'ai tout effacé.
Je suis libre.

lundi 27 juin 2011

sur le retour

L'impatience nous guette.
La passion, l'impulsion ; adopter la première idée, toujours.


Je serai à jamais mon propre diable, je m'y soumets.
Je ferai tout pour que vous le suiviez, car j'assiste à la mort lente de vos désirs soudains.


Je vous pousse à bout, vous soumets les meilleurs mets, fais danser les plus brillantes étoiles.
J'arrache pour vous les plus tendres coeurs, vous ouvre les plus douces fentes.
Mais aucune main n'attrape ces fruits sucrés.


Un jour, j'exploserai votre sérieux, je trouverai la faille.
Alors l'alcool coulera, les cuisses luieront, les poitrines se banderont.
Plus jamais vous ne quitterez l'imaginaire.

vendredi 17 juin 2011

oui, mais non...

Si j'avais pu choisir, qu'aurais-je fait ?
Si ça avait été pile, aurais-je gardé la face ?

Si j'avais dû choisir, j'aurais fui.
Une route, une autre. Un chemin lisse et droit.
Une vue dégagée jusqu'au but.

J'aurais ôté les troubles et les doutes.
Ni lâche, ni mauvaise, ni aigrie.
J'aurais été belle et bonne.

Il y aurait eu de l'orage. Puissant, violent, blanc de foudre.
Il y aurait eu du soleil aussi. Un peu, un doux, un qui enveloppe.

Il y aurait eu une petite fille sous un autre nom, parfois garçon.
Une petite fille qui court.
J'aurais couru sans jamais tomber. Jamais je n'aurais eu besoin d'hurler.
Et puis il n'y a pas eu de "si".



jeudi 9 juin 2011

à demain

Un rien, un souffle et tout bascule.
La misère à portée d'effleurement.
Quand le reste se déchaîne, lâcher prise et se laisser emporter.

Un simple mot et l'univers s'effondre.
Je m'effondre dans tes bras, je fonds en larmes, je fonds en toi.

Rien n'assèche le marécage. Et la boue emporte tout. Et la peste s'engouffre derrière elle.
Plus les larmes coulent, plus la boue est immonde.

Je me noie. Se débattre, s'enfoncer. Ma peau cloque. 
Un cri pour soigner, un mouchoir pour panser.

Il faut reposer la tête, poser la rage à terre.
Fermer les yeux, dormir. Se réveiller et retrouver les mêmes armes pointées vers soi.
Fermer les yeux, dormir, oublier.
Ne plus vouloir se réveiller.

lundi 7 mars 2011

Vieux con

Quand il regarde dehors, il ne voit rien. Rien qui ne l’inspire, rien qui pourrait lui donner l’élan d’enfiler son manteau et de sentir un air dépourvu de naphtaline.

Quand il regarde les gens, là-haut depuis sa chambre, il ne voit personne. Personne qui lui donnerait envie de partager un café, une idée, une tranche de sa vie.

Quand il regarde la télé, il ne comprend rien. Rien de ce qui se passe dans le monde, rien qui ne l’intéresse, rien qui ne le fasse rire.

Quand il regarde derrière lui il sourit. Il sourit de tout ce qu’il a fait et pleure de ce qu’il ne peut plus faire. 

Quand il se regarde dans le miroir, il voit la vieillesse. La vieillesse qui lui a ôté le goût de vivre et tout ce qu’il aimait.




mardi 1 mars 2011

Gromanche

Qu’est-ce que tu veux que je te dise ?
Que je suis pourrie jusqu’à l’os ?

Si tu veux, je parle.
Je parle, mais ne m’écoute pas
Je parle, mais regarde ailleurs.

Tu sais que je fais semblant.
Tu sais que mes rires résonnent comme un fond de bar.
Tu sais que quand je suis seule, je pleure, je crie, je mords.
Tu sais que je frappe. Que je ne frappe personne sinon moi. Je frappe juste pour sentir ma douleur, me rappeler que je suis là. Vivante, malgré tout.

Tu ne veux pas savoir que je me perds. Dans l’alcool, le déni et les médicaments, je me perds.
Tu voudrais savoir pourquoi j’ai mal, à quoi ça sert. Tu voudrais comprendre.
Dis-toi que moi aussi. Que je cherche, que je scrute et étudie.
Dis-toi que quand je saurai, tu le verras.

vendredi 25 février 2011

Jeudi

Elle est là, belle et profonde. Joliment irrégulière, parfois suintante. Ses craquelures rappellent les zones sauvages des canyons. Les bords se relèvent douloureusement à quelques endroits.

Elle est là, belle et blessante. Elle rappelle à l’ordre les idées qui s’égarent. Quand on se penche sur elle rien ne se dessine, comme les nuages, chacun y trouve sa forme. Elle est ce que l’on veut y voir.

Elle est là, belle et vivante. Écrasante de pureté, dans l’ombre comme dans la lumière. Le noir pourtant lui va si bien. Relevant chaque détail.

Elle est là ma fissure. Parcourant tout mon être. Dévastant ma tête, rejetant mon corps.
Elle est moi ma fissure, parfois belle, parfois méchante. Je suis ce que l’on veut y voir.

lundi 10 janvier 2011

ah mon amour

À la chaleur de mon sang, je récupèrerai ce qui m'appartient.
Mon désir, mon amour, ma vie.
Je creuserai de mes mains la terre de tous les enfouis.
J'arracherai de mes dents le cœur de tous les bleus.
Je chercherai partout le remède à mon mal pour retourner dans tes bras.
Dans la douleur, dans la démence, je chercherai le remède. Le remède, mon amour perdu.
Je tuerai le démon, même s'il est moi.
Je retrouverai la douceur des draps, les pores de nos peaux enlacées.

Où sont les mains que j'aimais tant ? Et cette épaule sur laquelle ma tête reposait, confiante et rassurée. Qu'en ai-je fait ?
Où se cache l'étincelle qui -à ta vue- me faisait jouir ?
Une pluie de doutes l'a éteinte.
J'attends l'été et sa sécheresse, un simple rayon en fera un feu de joie. Et quelle joie ! 
Quelle joie -mon amour perdu- quand je te retrouverai.

mardi 26 octobre 2010

Vivre ça pourrait être


Soupirer "mon Dieu" avant l'amour
Haleter "mon Dieu" pendant l'amour
Expirer "mon Dieu" après l'amour
S'enrager, en avoir les poings et la bouche qui saignent
Détester quelqu'un, rêver de sa mort
Se rappeler que l'on est putréfiable




vendredi 6 août 2010

Le cordon

Cela fait deux mois que nous sommes en contact. Deux longs mois sans se voir, sans se toucher, et pourtant je sens qu'un lien fort déjà nous lie. 

Je la sens tous les jours partout autour de moi. Je sais ce qu'elle aime, je connais ses habitudes. L'heure de ses repas, les hoquets de sa digestion, le son de son réveil, le parfum de sa douche, je sais. Je sais ses doutes, ses peurs, ses angoisses. Je sais ses joies, ses rires, ses envies.

Sans elle je ne suis rien, je ne suis plus. Si elle m'oublie, je sombre. Mais elle pense à moi, souvent. Je le sais. Elle parle de moi aussi, j'adore.
Parfois pourtant, je crois entendre la voix de l'autre. Cette voix rauque et lourde. Je sais que sa main la touche. Je le deteste pour ça. Il m'arrive de donner des coups quand je sens qu'il approche. Des coups en l'air, pour le faire partir, des coups pour rien. 

Un jour, je poserai ma tête sur sa poitrine brûlante en sueur. 
Je la reveillerai en pleine nuit. Et toutes les nuits elle viendra à moi les bras ouverts pour m'acceuillir et me serrer dans ses bras. J'agripperai ses cheveux les tirerai à moi. Ça la fera sourire. Je prendrai en bouche son téton et ne le lâcherai plus. Mes mains parcoureront ses seins et -les yeux dans les yeux- notre amour grandira.

Un jour, bientôt, je sortirai de mon trou et me présenterai à elle. Quelqu'un coupera le cordon, nous respirerons le même air et plus rien ne nous séparera.
Un jour, bientôt, dans 7 mois.

jeudi 5 août 2010

Bah Bravo !

J'ai toujours rêvé d'avoir un corps, un corps qui en jette. Long, élancé, voluptueux et pulpeux. Je porte le corps que j'ai.
Courte sur pattes, mes excès frôlent à peine le mètre soixante deux. Ce qui permet - cela dit - à mon conduit nasal de flirter avec les aisselles des usagers des transports en commun.
Ma poitrine ne fait pas peur aux adolescentes. C'est tout juste si elle peut narguer le volume de mes omoplates. Elle est en contradiction avec mon cul.
Mon cul est large et peu entraîné. Mon cul est comme celui de ma mère et finira - dans son élan - comme celui de ma grand-mère. Mes cuisses suivent le même chemin que mon cul.
Mes cuisses sont ponctuées de montagnes, plus communément nommées "effet peau d'orange" dans les magazines féminins. Mais elles sont plus fades qu'un navet.
Mes pieds sont aquatiques, mais je n'ai hélas rien d'une sirène. Ils sont courts et larges à l'image de mes orteils. Ils ont la capacité de faire rire quiconque pose les yeux sur eux. Mes mains sont comme mes pieds.
Mes mains sont faites pour la terre. Elles auraient satisfait n'importe quel agriculteur et rendu jaloux tous les routiers. Même les sympas.
Mon visage fait honneur à Picasso dans sa période cubique. La droiture prononcée de ses arêtes rappelle les mâchoires d'un requin. Ma bouche est si petite et si fine qu'elle se perd dans tout cet espace. Quand je souris, elle disparaît ; à tel point que l'on croirait une grande brûlée. Mon front est haut et large. Il n'y a que peu de temps que j'ai compris qu'il fallait que je le cache par une frange. Mais le sébum sécrété par ma peau grasse lui donne - au bout de quelques heures - un aspect humide désespérant. Les pores de ma peau sont si grands qu'ils pourraient résoudre en grande partie les problèmes de logement.
Comment voulez-vous que je me plaise si l'on ne me donne pas le corps qu'il faut ?